Mandolines et cordes pincées

COLLECTIONS D'INSTRUMENTS


Les Dominicains de Haute-Alsace disposent d’une collection de mandolines et d’autres instruments à cordes pincées. Ces instruments ont été légués par Mme Gros Domergue. Ils sont visibles lors de présentations ponctuelles.
Le référencement de la collection a été réalisé en 2002 par Gautier Taquard, lequel a joint quelques commentaires ci-dessous énumérés.

La mandoline est un instrument à corde pincées. Comme l’étymologie le suggère, c'est une petite mandole. Ses cordes métalliques, accordées à l’octave aiguë de la mandole, reproduisent exactement l’accord de celles du violon. Chaque corde est doublée, ce qui permet le trémolo. Le trémolo consiste à répéter le plus rapidement possible la même note pour donner l'impression de tenue.
Le mandoliniste joue assis et se serre d'un plectre qui se tient entre le pouce et l'index de la main droite pour faire sonner les cordes. Le plus souvent, la caisse de résonance des mandolines est bombée mais il en existe aussi des plates. La touche comporte de petits sillets et le cheviller, creux, s’incline légèrement vers l’arrière.

Le plectre ou médiator
Du latin plectrum (frapper), le plectre est à l’origine une plume, ou une fine baguette de bois, d’ivoire et même d’or, avec laquelle on frappait les cordes de certains instruments. Au XVIIIe siècle la baguette se transforme en une lamelle – médiator – en corne, en os, en ivoire ou en écaille, que l’on utilise pour faire vibrer les cordes de la mandoline. Maintenu en biais vers le haut entre le pouce et l’index, le plectre traduit la pensée et la sensibilité du joueur en lui laissant la possibilité de voir sa main gauche se déplacer sur le manche. Avec les techniques d’aujourd’hui, le plectre est fabriqué en nylon ou en plastique et arbore des formes contemporaines.

Histoire de la mandoline
La date de naissance de la mandoline n’a jamais pu être précisée, faute de documents. Le premier témoignage écrit sur son existence date de 1685, mais on suppose que les premières mandolines apparurent au début du XVIIème siècle puisqu’on la trouve dans le commerce de lutherie dès 1650.
Le XVIIème siècle fut un siècle d'intense création d'instruments à cordes pincées et d'inventions les plus diverses.
Les instruments à cordes pincées sont tous ceux dont on fait vibrer les cordes avec les doigts, comme la guitare classique, ou avec un plectre, comme la mandoline.
L'instrument en vogue était alors le luth, parce qu'on y jouait aussi bien des mélodies que des accords. Le luth qui primitivement n'avait que 8 cordes en avait 24 au XVIIe siècle. Il faut s’imaginer la difficulté à accorder cet instrument, surtout avec des chevilles en bois comme le violon. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle le luth tomba dans l'oubli et que la mandoline lui succèda.
On fabriquait des luths de toutes dimensions, allant même jusqu'à 1 mètre de haut. De cette grande variété d'instruments, on peut citer le théorbe qui possédait 15 cordes, le cistre, lequel ressemblait aux mandolines plates actuelles et la mandore ou mandole de forme bombée comme le luth, lequel était le plus simple des instruments car il n'avait que 4 cordes.
Mais, pour l'évolution de la musique de cette époque, qui est le début de la période classique où apparaît la musique de chambre, manquait l'instrument soliste. On a donc pris l'instrument le plus facile, la mandole, on en a réduit les dimensions et on l'a appelée tout naturellement « mandoline ». C'est donc certainement par nécessité de créer le soprano, c’est-à-dire l’instrument de chant le plus aigu de la famille du luth, qu’est née la mandoline.

La popularité de la mandoline
Au début du XXème siècle, la mandoline atteignit une popularité que jamais instrument de fantaisie n'avait connu. Il est vrai que ce fut l'instrument "facile" convenant au caractère de l'époque. La pratique instrumentalre de la mandoline était très répandue en France.
Toutes les grandes villes avaient leur société de mandoline et beaucoup de ces sociétés atteignirent un degré artistique remarquable. Sur le plan culturel, la mandoline eut une place importante dans l'éducation musicale populaire. Mais c'est peut-être par sa vulgarisation excessive que la mandoline perdit un peu de ses lettres de noblesse. Peu à peu, elle fut déconsidérée jusqu'à tomber pratiquement en désuétude: de nos jours, les mandolinistes et les sociétés de mandoline se font de plus en plus rares.

La mandoline milanaise
La mandoline milanaise, ou lombarde, provient de Milan ou de Crémone, capitale de la lutherie au XVIIe siècle.
De forme presque identique au luth mais de dimensions réduites, elle possède généralement six cordes en boyau (souvent de mouton) enroulées sur des chevilles en bois ou en ivoire et attachées directement au chevalet qui lui reste fixe. Elles sont accordées de la manière suivante : sol si mi la ré sol.
Peu à peu, la mandoline milanaise disparaîtra pour laisser place à la mandoline napolitaine.

La mandoline napolitaine
A la fin du XVIIIe siècle, plusieurs luthiers perfectionnent la mandoline. Les plus importants perfectionnements viennent de Pasqual Vinaccia. Issu d’une famille de luthier de père en fils, fondée vers 1740 à Naples, celui-ci contribua très fortement à l’évolution mécanique de la mandoline. Tout d’abord, il remplaça les traditionnelles cordes en boyau par des cordes en acier, puis le système de chevilles en bois par des chevilles mécaniques. Il adapta l’accord du violon à la mandoline : sol ré la mi. Il agrandit le format, allongea la touche jusqu’à la 7e position, établissant ainsi une nette différence avec la mandoline milanaise.
Sous cette nouvelle forme, elle reçut le nom de mandoline napolitaine et se propagea rapidement ; elle devint même l’instrument national de l’Italie.
Le doublage des cordes, caractéristique de la mandoline napolitaine, ne fut inventé que bien plus tard, vers la moitié du XVIIIe siècle.
La mandoline napolitaine est la mandoline actuelle.