Cythares
Jean Mayer, né en 1924, a fait don au département du Haut-Rhin de deux cithares qui ont appartenu à son père. Ce don vient compléter la liste des instruments propriété du Conseil Général du Haut-Rhin et mis à disposition par le Département aux Dominicains.
Les cithares de Jean Mayer, chronique historique
Connaissez-vous Le Troisième Homme, ce film britannique de Carol Reed sorti en 1949 qui a reçu le Grand Prix du Festival de Cannes la même année ? On y entend la musique originale composée et jouée à la cithare par Anton Karas qui, encore aujourd’hui, demeure très célèbre. C’est cette musique que Jean Mayer écoutait dans sa jeunesse, jouée par son père Jacques Mayer, sur un instrument qui l’a marqué.
Les deux cithares viennent du père de Jean Mayer, Jacques Mayer, originaire de Dudweiler en Sarre.
Il accordait une bonne partie de ses loisirs à la pratique d’instruments de musique, en particulier les instruments à cordes. Jean Mayer ne saura jamais si son père a acheté ou hérité de ces deux cithares.
La cithare que jouait son père semble être d’origine bavaroise, l’autre cithare, la cithare à archet (Streich-Cither), provient d’un luthier de Klingenthal. Ces cithares sont différentes des cithares actuelles, leur technique de jeu est autre. La mère de Jean Mayer était sourde lorsqu’elle l’a mis au monde. Elle avait un procédé tout à fait insolite pour écouter son mari jouer de la cithare : elle prenait entre ses dents une cuillère à soupe qu’elle posait sur la table à côté de la cithare et en sentait ainsi les vibrations, peut-être pouvait-elle-même l’entendre.
La sœur de Jean Mayer jouait du piano, son frère et lui du violon. Il leur arrivait souvent de jouer en trio et parfois en quatuor lorsque leur père se joignait à eux avec sa cithare.
A 13 ans, Jean Mayer est entré à l’Ecole Militaire préparatoire d’Epinal en octobre 1938. L’adjudant lui a demandé s’il pratiquait la musique, il lui a répondu qu’il avait fait deux ans de violon au conservatoire de Metz. L’adjudant a été très impressionné lorsqu’il lui a demandé de lire une partition. « Vous êtes grand, vous avez du souffle, alors c’est le trombone à coulisse qu’il vous faut ! ». Et il s’est mis en autodidacte au trombone à coulisse sans vraiment accrocher à cet instrument. Par la suite, il n’est jamais revenu à la pratique d’un instrument.
Les cithares ont passé près d’un demi siècle à la cave. Jean Mayer est à présent serein en ce qui concerne le devenir des ces instruments porteurs du souvenir de son père.